Catégories

Erin Maloney, Daniel Ansari et Jonathan Fugelsang – Neutraliser l’anxiété face aux maths

N’avons-nous pas tous entendu quelqu’un affirmer combien il ou elle détestait les mathématiques. « Je ne suis pas bonne en maths » ou « Je ne comprends rien aux maths. » Notre aversion aux mathématiques est devenue si insidieuse que même les jouets que nous offrons à nos enfants reflètent ce dégoût (p. ex., la poupée Barbie disait « Math class is though! » (le cours de maths est dur) et certains t-shirts affichent « I’m too pretty to do math » (je suis bien trop jolie pour aimer les math). Une attitude négative et de nombreux stéréotypes collent aux maths, ce qui n’est pas sans conséquence, car l’attitude joue un rôle important dans la réussite en mathématiques.

À titre de scientifiques formés à différents aspects de la psychologie et de l’éducation, nous avons passé pas mal de temps à chercher à comprendre le lien entre l’attitude et les croyances négatives d’une part, et la réussite en maths d’autre part. Nous nous sommes penchés entre autres sur le rôle que joue l’anxiété dans la réussite. L’anxiété liée aux maths désigne simplement un sentiment de peur, de tension ou d’appréhension que ressentent bon nombre de personnes qui doivent faire des maths. Bien que l’on s’attende à ce que les gens ressentent une certaine anxiété dans des situations où la pression est importante, par exemple, en période d’examen, il demeure qu’un grand nombre de personnes ressentent également de l’anxiété en faisant des maths au quotidien, par exemple, en calculant un pourboire au restaurant ou en tentant de déterminer si on leur a remis la monnaie exacte après un achat.

repenser l’accès, Du 19 au 20 avril

L’anxiété liée aux maths est un enjeu important, non seulement parce que l’anxiété est un sentiment désagréable, mais également parce que l’anxiété elle-même peut avoir pour effet d’influencer à la baisse les résultats en mathématiques. L’une des principales théories sur la question est que les élèves qui ressentent de l’anxiété face aux maths entretiennent simultanément des pensées et des réflexions négatives. Le raisonnement mathématique exige des ressources cognitives importantes et comme nous sommes dotés d’un système aux capacités limitées, les élèves qui portent attention à ces pensées et réflexions négatives réduisent d’autant les ressources mentales à leur disposition pour trouver les solutions aux problèmes mathématiques. En ce sens, l’anxiété est à la fois désagréable et nuisible au rendement.

L’anxiété liée aux maths n’est pas associée uniquement à la sous-performance lors des examens en maths. Les élèves qui ressentent de l’anxiété face aux maths sont plus susceptibles de suivre moins de cours de maths, de travailler moins à leurs devoirs de maths et de délaisser les carrières impliquant des maths. L’on estime qu’environ 80 % des étudiants de niveau collégial et 25 % des étudiants de niveau universitaire disent ressentir un niveau élevé à très élevé d’anxiété face aux maths.

Il va de soi que la numératie et les mathématiques sont importantes. Il va également de soi que l’anxiété liée aux maths peut être un obstacle à la réussite scolaire. Que pouvons-nous faire? La première étape consiste à repérer les élèves qui ressentent de l’anxiété liée aux maths — assez facile à faire à l’aide d’un simple questionnaire. Notre recherche a démontré que les élèves sont assez conscients de leur propre anxiété face aux maths. Une fois établie l’anxiété liée aux maths, plusieurs stratégies prometteuses peuvent aider à réduire cette anxiété, ainsi que l’impact négatif de l’anxiété sur le rendement des étudiants. Par exemple, le seul fait de montrer à des étudiants de niveau postsecondaire à pratiquer pendant 15 minutes un exercice de respiration (texte en anglais seulement) avant un examen de maths peut les aider à se calmer et à obtenir de meilleurs résultats (comparativement à leurs pairs qui n’ont pas fait l’exercice de respiration). Une autre stratégie simple et facile à appliquer est l’écriture expressive (texte en anglais seulement), où les étudiants décrivent comment ils se sentent face à un examen de maths à venir. Dans le cas des étudiants ressentant un niveau élevé d’anxiété, le seul fait d’écrire brièvement (sept minutes) au sujet de l’examen de maths peut se traduire par de meilleurs résultats.

Étant donné le caractère généralisé de l’anxiété liée aux maths chez nos élèves, son effet sur la réussite en maths et les quelques interventions simples, mais prometteuses susmentionnées, il est important que ceux d’entre nous qui évoluent au niveau de l’enseignement supérieur prennent conscience de cette anxiété et des façons dont nous pouvons aider nos étudiants à réduire leur anxiété et à améliorer leur rendement en maths.

Erin Maloney est chercheuse principale au COQES, Daniel Ansari est professeur à Western University et Jonahan Fugelsang est professeur à l’University of Waterloo.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *