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David Trick | Le 50e anniversaire du plan d’enseignement supérieur de l’ancien premier ministre Robarts

Il y a cinquante ans demain, le 21 mars 1963, le premier ministre John Robarts a annoncé le plan qui a façonné le système d’enseignement supérieur de l’Ontario que nous connaissons aujourd’hui. Sa déclaration a été prononcée dans le cadre du déroulement habituel des travaux de l’Assemblée législative, qui se sont conclus par des déclarations au sujet des succursales de la LCBO et de l’Ontario Food Council. Il a parlé pendant environ une heure. On ne trouve pas un bon clip sonore dans son texte.
Mais, dans une province qui est célèbre pour son aversion à l’égard de la planification de système, la déclaration du premier ministre Robarts était ni plus ni moins qu’un plan gouvernemental visant la création d’un système de masse d’enseignement supérieur. Il indiquait le nombre de places de baccalauréat dont l’Ontario aurait besoin et le nombre d’universités que nous aurions. Ce plan faisait allusion à la création des collèges. Il a énoncé qu’un large accès à une éducation de qualité était l’objectif principal du gouvernement en matière d’enseignement supérieur. Avec le recul, nous pouvons faire un certain nombre d’observations sur la façon dont le premier ministre Robarts s’est acquitté de sa tâche.


Il a fait de l’accessibilité et de la qualité des objectifs complémentaires.
Le premier ministre Robarts était fier de dire « qu’aucun étudiant n’avait été refusé par nos universités en raison du manque de places ». Il a également dit ce qui suit : «Il n’y a aucune raison d’obtenir un diplôme universitaire à moins qu’il ne reflète l’excellence de l’enseignement. » Il n’a pas jugé nécessaire de favoriser un de ces objectifs par rapport à un autre. Sans les nommer, il a critiqué les universités Queen’s et de Toronto pour tenter de devenir des universités d’élite en adoptant des « critères d’admission déraisonnablement élevés ». Les critères d’admission, a-t-il dit, devraient être « modérés et raisonnables afin de permettre à l’étudiant moyen d’obtenir un diplôme ».
Il a sollicité de bons conseils. En 1963, personne n’était conscient de la taille du système universitaire que l’on voulait bâtir. Les taux de participation étaient à la hausse et les premiers étudiants du baby-boom allaient commencer leurs études universitaires en 1965. Le premier ministre Robarts a dit qu’il avait demandé l’avis du service de recherche de l’Ontario College of Education, des ministères, de son comité consultatif des affaires universitaires et des présidents des universités. Ces sources, en travaillant en partenariat, ont prévu que les inscriptions tripleraient pour atteindre entre 91 000 et 100 000 étudiants à temps plein au premier cycle en 1970. Le premier ministre a adopté cet objectif. (Le chiffre exact a été de 105 000.)
Il a élaboré des plans de rechange. Le premier ministre a reconnu volontiers qu’il y avait place à l’erreur. Il a créé un fonds de prévoyance au cas où les universités auraient à louer des locaux temporaires. Il a laissé la porte ouverte à une proposition controversée de Claude Bissell, alors président de l’Université de Toronto, prévoyant le recours à l’enseignement télévisé s’il n’y avait pas assez de professeurs et de salles de cours pour répondre à la demande croissante des étudiants.


Il savait quand dire oui.
Depuis 1956, Robarts et son prédécesseur, Leslie Frost, avaient approuvé la création des universités Lakehead, Laurentienne, Waterloo, Windsor et York, grâce à la transformation d’établissements existants. Sur les conseils des présidents des universités, la déclaration de Robarts a confirmé la création de trois nouvelles universités autonomes (Brock, Guelph et Trent) ainsi que de nouveaux « collèges d’arts » de l’Université de Toronto, à Scarborough et Erindale (aujourd’hui Mississauga). Les anciennes universités n’étaient pas particulièrement ravies de voir de nouveaux concurrents recevoir des fonds publics. Mais les premiers ministres Frost et Robarts ont reconnu que les vieux campus ne pourraient jamais accueillir tous les étudiants à venir.
Il savait quand dire non. Après avoir approuvé la création de ces nouvelles universités, le premier ministre Robarts a annoncé que « nos plans, comme je l’ai indiqué, prévoient la création d’un nombre suffisant d’universités pour répondre à nos besoins, disons pour les 15 prochaines années. » Ce faisant, il a déçu un certain nombre de communautés qui espéraient une des nouvelles universités. Vers la fin de 1962, il y avait encore des demandes en suspens de groupes communautaires pour la création d’universités à North Bay, Sault Ste. Marie, Oshawa, Chatham, Belleville, Barrie, Burlington et Oakville. Le premier ministre a aussi maintenu une attitude ferme face aux universités confessionnelles (notamment l’université luthérienne de Waterloo) qui espéraient renverser la politique centenaire de l’Ontario consistant à fournir un financement uniquement aux universités laïques. C’était une position difficile pour un gouvernement qui allait bientôt faire face à une élection, mais le gouvernement a été réélu six mois plus tard, avec une majorité accrue. Le moratoire a été maintenu jusqu’à l’élévation au statut d’université de Nipissing, en 1992, et de Ryerson, en 1993.
Il a fait les choses étape par étape. Le premier ministre Robarts était remarquablement silencieux au sujet des collèges, ayant seulement fait une allusion voilée à la possibilité de « collèges d’arts et autres ». La nécessité d’un système collégial a été reconnue en 1963 par les employeurs, les présidents d’université et beaucoup d’autres, mais les opinions étaient divergentes quant à sa nature. Plutôt que de prendre une décision hâtive, le premier ministre a laissé la tâche de concevoir les collèges à William Davis, son nouveau ministre de l’Éducation. Le plan de M. Davis concernant la création des collèges d’arts appliqués et de technologie a été rendu public en 1965.
Il appuyait un financement accru de l’éducation postsecondaire, mais il savait que ce ne serait jamais assez. Le premier ministre Robarts a annoncé un programme de trois ans de financement garanti des immobilisations et une augmentation de 54 % des subventions de fonctionnement des universités pour l’année suivante, les portant à 70 millions de dollars. Le chef de l’opposition, John Wintermeyer, lui a immédiatement reproché de ne pas fournir les 97 millions de dollars qui étaient la demande minimale des présidents des universités. Même durant la période faste des années 1960, il y avait une tension permanente entre ce que les universités croyaient qu’elles avaient besoin et ce que le gouvernement pensait qu’il pouvait se permettre.
Il n’a rien dit au sujet de la recherche. La déclaration du premier ministre Robarts laisse entendre que la seule vocation importante des universités était de former des jeunes. Les effets transformateurs de la recherche et du développement étaient largement reconnus au moins depuis la Seconde Guerre mondiale, mais les universités n’étaient pas encore considérées comme des acteurs essentiels de la création du savoir. Les défis liés à la façon d’assurer l’enseignement et la recherche d’une manière abordable étaient encore à venir.
Chacun d’entre nous qui sommes passés par une université ontarienne au cours des 50 dernières années doit quelques remerciements au premier ministre Robarts. Il n’a pas tout réussi, mais il a eu le courage de commencer. Il a pris des décisions, il a fait preuve de leadership et il a apporté des corrections lorsque les circonstances ont changé. Cinquante ans plus tard, son exemple offre des leçons aux chefs de file de l’enseignement supérieur en Ontario et ailleurs.
David Trick est un expert-conseil en stratégie et gestion de l’enseignement supérieur.

– À notre avis, les blogueuses et blogueurs invités expriment leurs propres avis, et pas nécessairement ceux du COQES. –

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